Le Contexte

La Genèse du projet :

“Il y a 60 ans, le lac Thac Ba, aujourd’hui plus grand lac artificiel du nord Vietnam, a été mis en eau. Les terres ont été englouties. Mais des milliers d’îles sont apparues.

Les habitants aujourd’hui encore ne se sont pas remis de cette perte de terre, d’autant que les divers plans d’état proposés successivement ont tous aboutis à des faillites, des plantations de café qui furent un fiasco jusqu’aux plantations d’eucalyptus aujourd’hui.

Malgré tout quand je suis arrivé il y a 25 ans, les familles conservaient leurs habitudes traditionnelles et une agriculture diversifiée sur leurs lopins respectifs.

Puis une usine de transformation du manioc s’est installée générant une importante source de revenus autour de cette activité. Tous se sont mis à cultiver du manioc ; environ 80 000 personnes alentour ont été impliquées directement et indirectement dans cette économie. Mais comme pour toute monoculture les effets pervers n’ont pas tardés à se faire ressentir. Le manioc contient des substances toxiques naturellement contenues dans les sols, mais qui, concentrées, sont nocives pour l’environnement. L’usine n’a pas su gérer le traitement et toutes les nappes phréatiques des villages proches de l’usine ont été polluées. Des maladies sont apparues. L’usine a pourtant continué de fonctionner jusqu’à dernièrement – elle a alors été contrainte de déménager pour polluer plus loin.

Les habitants se sont retournés vers la deuxième grosse monoculture locale, la plantation d’eucalyptus d’Australie. L’arbre pousse vite, ne demande pas d’entretien et est exploitable dès la 3ème année. Mais il rend les terres acides, suce tous les nutriments et désormais après 15 ans d’exploitation intensive sur toute les îles et bordures du lac, les arbres sont rachitiques et la terre n’en peut plus. Mais toute une chaîne d’investissement a suivi et rechigne à abandonner l’activité pourtant dans le mur depuis des années.

L’agriculture et la culture sont indissociables dans ces régions agricoles. Ces chamboulements agricoles ont affecté profondément les modes de vies traditionnelles, certains ont investi massivement, employant d’autres ; l’abandon des pratiques familiales diversifiées et la dépendance aux monocultures ont exposé et condamné des familles à la précarité quand elles ont capoté. Les petites parcelles étaient cultivées alternativement pour permettre l’association de familles proches pour les moissons par exemple. Pour mieux comprendre, sachez par exemple que les livres sacrés des cultures ethniques Dao se nomment « les calendriers agricoles ». Y sont relatés l’histoire des Dao et leur compréhension du cosmos depuis des millénaires, interprétés par les shamans qui s’y réfèrent pour tâcher de comprendre les problèmes du quotidien. De ces calendriers notamment a été inventé le calendrier lunaire/solaire considéré comme l’un des plus précis connus.”

C’est dans ce contexte-là que nous avons créé le projet LaVieVuLinh.

Fredobinh